Lui dire ce qu'elle avait sur le coeur. Bonne ou mauvaise idée ? Elle n'aurait su le dire. En même temps, c'était mieux comme ça. Mieux valait-il dire les choses. Avant que ... Et bien, avant qu'elle n'ait plus l'occasion de le faire. La vie était courte. Parfois trop courte. Du jour au lendemain, tout pouvait s'arrêter. Charleen pouvait disparaître. Mourir. Ou bien Erza. Qui sait si elle allait le revoir. Avant aujourd'hui, elle aurait dit qu'ils ne se seraient pas recroisés. Elle aurait peut-être cherché à aller chez lui. Et demander quelques explications sur le comment du pourquoi il préférait se taire. Et ne pas la revoir. Compréhensible. Après ce qu'ils avaient vécu. Mais elle aurait préféré, dans ce cas là, qu'il lui dise qu'il ne voulait pas la revoir. Plus jamais. Ca aurait été douloureux. Ca aurait été dur. Mais au moins, elle aurait été fixée. Et elle n'aurait pas cherché à lui tourner autour. Enfin, passons. "T'as perdu beaucoup de sang. C'est pour ça que tu es fatigué." dit-elle dans un hochement de la tête. "Tu dois avoir aussi la tête qui tourne un peu. C'est pour ça que la glace et le sucré, c'est une bonne chose." Elle en vint à plonger sa cuillère dans le bac de glace pour en porter à sa bouche. "Et c'est super bon contre la déprime." ajouta-t-elle dans un nouveau hochement de la tête.

Mais apparemment, Erza n'avait pas spécialement envie de manger. Non. Il voulait ... discuter avec elle. Elle se rapprocha quelque peu de lui comme il lui tenait l'une de ses mains. Il ne voulait pas qu'elle regrette. Il voulait qu'elle garde en mémoire tous les souvenirs qu'ils avaient pu avoir ensemble. Qu'elle garde ça dans un coin de sa tête. Et qu'elle arrive à tourner la page, ne plus y penser. C'était quelque chose de merveilleux, ce qu'ils avaient vécu. Certains qualifieraient cela d'une aventure. C'en était une, en quelque sorte. Mais une belle aventure. "Oublier, c'est plus facile à dire qu'à faire. A moins de souffrir d'une amnésie sélective." dit-elle dans un sourire. Ca serait bien ... D'avoir une amnésie sélective. Ca leur éviterait, à l'un comme à l'autre, d'en souffrir. Enfin, Charleen disait cela. Mais depuis qu'ils s'étaient recroisés au bar, ça lui arrivait, de temps à autre, de repenser à ce qu'ils avaient vécu. Et elle ne regrettait pas. Ca la faisait sourire. Elle regrettait l'issue, oui, mais pas ce qu'ils avaient pu vivre ensemble.

Après ce petit échange, Erza lui conseillait d'aller dormir. "Bien bien, j'vais te laisser." dit-elle en se levant. "Par contre, garde en mémoire que je sais où tu habites." Charleen insista bien sur la fin de sa phrase. "Si j'vois qu'au petit matin, t'es plus là et que t'as osé me fausser compagnie ..." Elle le pointa du doigt. "J'te retrouverais ... Et je te ferais passer un sale quart d'heure." ajouta-t-elle dans un sourire. Difficile de savoir si elle disait cela pour plaisanter ou si, au contraire, elle le ferait. "Te voilà prévenu." Elle récupéra les cuillères et le bac de glace. Un rapide nettoyage des ustensiles et hop, le tour était joué. Elle repassa près d'Erza, non sans avoir récupéré une couverture et un coussin. "Tiens. Ca sera un peu plus confortable comme ça." Il serait bien mieux. Puisqu'il faisait la sourde oreille et qu'il ne voulait pas s'installer dans un bon lit. "Dors bien." Un câlin rapide via une petite accolade et elle avait fini par s'éloigner. Grimpant les escaliers qui allaient la mener jusqu'à sa chambre pour s'y reposer. Bien qu'elle doutait réussir à fermer l'oeil.

Charleen ne dormit pas vraiment. Du moins, que d'un oeil à dire vrai. Inquiète par ce qui pouvait se passer en bas. Inquiète de savoir ce qu'elle allait trouver au petit matin. Est-ce qu'elle trouverait Erza encore là ? Ou bien se serait-il faufilé au milieu de la nuit ? Elle verrait bien. Il était à peine huit heures quand elle sortit de son lit. Nuit courte. A peine quatre heures de sommeil. Bah, si elle était fatiguée, elle pourrait toujours faire une sieste comme les enfants. Passant une main dans sa nuque, elle descendit les escaliers. En silence. Encore là ? Ou pas ?

My heart in my throat. I would not say a word [PV Charleen✖]

"Ah le bougre !" avait-elle dit en remarquant que le canapé était vide et qu'Erza s'était fait la malle. Loin de se douter qu'il avait fait quelque chose de sympathique et qu'il avait été cherché des cafés. Elle fronça des sourcils et passa ses mains au niveau de ses hanches, penchant la tête légèrement sur le côté. Elle poussa un soupir ennuyé. Franchement ... Lui faire ça ... Se tirer sans rien dire alors qu'elle l'avait clairement menacé quelques heures plus tôt en lui expliquant qu'elle viendrait lui botter le cul. "Le fourbe ... j'le soigne ... Et il se tire comme un voleur !" Etait-elle en colère ? Un peu. Oui. Elle n'arrêtait pas de grogner. Elle passa une main devant ses yeux. Elle l'avouerait pas. Mais c'était presque une nuit blanche qu'elle avait passé. Bien trop inquiète pour Erza et savoir s'il allait s'en sortir ou non.

Alors qu'elle s'apprêtait à ranger la couverture et le coussin, voilà que la porte s'ouvrit. Elle redressa la tête. Erza. Qui revenait. Avec deux cafés. Enfin, un pour elle. Et un pour lui. "J'ai cru que t'avais filé." Bah ouais. Force est de constater qu'elle s'était trompée et qu'il était là. Il était revenu. "Nan, t'inquiète pas. Tu m'as pas réveillée." Pas directement dirons nous. C'était plutôt l'inquiétude qui avait fait que dormir était ... très difficile. Trop même. Charleen récupéra le café qu'il lui tendait. "Merci pour le café. Mais t'étais pas obligé." Elle se serait fait le jus de chaussette dont elle avait le secret. Elle était pas tant café que cela. Mais un petit café, pour se réveiller, de bon matin, c'était pas mal. Quoi que la douche également, c'était top.

Elle manqua de s'étrangler avec son café quand elle en vint à lui dire qu'il allait travailler aujourd'hui. Elle faillit également s'ébouillanter avec son gobelet. "Pardon ? J'ai cru mal comprendre ? Tu vas bosser ?" Elle était un peu sur le cul. Mais elle n'eut pas vraiment d'explication sur le sujet puisqu'il enchaîna sur le fait qu'il avait envie de sortir avec elle, un de ses soirs. "Tu m'fais pas le coup de j'te rappelle mais en fait, j'le fais pas ?" Charleen n'avait pas envie qu'il lui propose ça si c'était, au final, pour lui faire faux bond. "Quand tu veux. J'reprends pas le boulot avant un petit moment de toute manière. J'ai pas mal de temps devant moi." Ouais. Ca lui éviterait de se morfondre sur son canapé en attendant qu'elle puisse reprendre son travail. Si elle le reprenait d'ailleurs. "Ah ouais, j'avais cru voir que t'avais piqué le haut ... Heureusement que c'était pas un truc à fleurs ou je sais pas quoi. Ca aurait fait trop bizarre." dit-elle dans un sourire. "Tu sais, reprendre le boulot si rapidement, c'est pas bon. Va consulter quand même un médecin." Elle était peut-être un peu chiante. Mais c'était pour son bien après tout.

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Plus de blague. Plus d'éloignement. Cette fois-ci, c'était la bonne. Il acceptait de faire table rase du passé. Complètement. Et de repartir sur de nouvelles bases, en quelque sorte. Ou du moins, c'était l'impression de la brune. "J'sais pas. C'est dangereux une feuille de papier. Combien de fois me suis coupée avec ces saloperies." Elle secoua la tête. Rien de semblable à une balle. C'était certain. Mais oui. Ca faisait quelque peu mal, n'empêche, sur le coup. "M'enfin, t'aurais mieux fait de prendre quelques jours. Ca aurait été mieux." Il faisait bien ce qu'il voulait. Il était grand, majeur et vacciné. S'il ne voulait en faire qu'à sa tête, qu'à cela ne tienne. Mais le surmenage, c'était pas bon. Pas bon du tout. Du repos, de temps à autre, c'était bien également.

Café terminé, il prit soin de déposer son gobelet dans la cuisine et récupéra, par la même occasion le flingue. Bordel, elle n'y avait plus pensé à ce flingue ! Trop préoccupée par l'état de santé d'Erza. Elle y aurait pensé, il aurait pas retrouvé son arme. Elle l'aurait planqué et se serait contentée de lui dire qu'elle avait jeté l'arme en prenant soin d'effacer les empreintes, comme dans les séries policières. Mais trop tard. "Tu ferais mieux de le jeter." Encore un conseil qui allait, sans douter, tomber dans l'oreille d'un sourd. Elle finirait par avoir l'habitude, mais bon. Pour le restaurant, fin de semaine. Charleen eut un hochement de la tête. "Ok, tu me confirmeras ça." Par sms, par boîte vocale, qu'importe. Mais qu'il le lui confirme et qu'elle se retrouve pas comme une conne dans le restaurant à attendre pour rien. Tout en faisant un peu d'humour, comme il le faisait si souvent, voilà qu'il en vint à lui dire qu'il pensait conclure avec la serveuse. Elle le tapa à l'épaule. Pas à celle qu'il avait mal. Mais à l'autre. "Mais ouais, c'est ça. Tu vas au restaurant avec une fille pour en draguer une autre. Si tu penses que la serveuse va te tomber dans les bras ..." Elle secoua la tête. "Tu te mets le doigt dans l'oeil mon grand." Ca marcherait pas. Qui sortirait avec un homme qui emmenait une femme au restaurant ?

Fin du chapitre. Du moins, pour aujourd'hui. Chacun avait le numéro de l'autre. Chacun pouvait donc harceler l'autre. Chose que Charleen ne ferait pas. Hormis pour lui demander si ça allait bien, prendre des nouvelles des suites de sa blessure et également pour confirmation du restaurant. Voilà tout. "Gaffe à tes fesses surtout. Et j'vais me répéter, mais fais voir ta plaie à l'estomac. Pronto." ajouta-t-elle dans un hochement de la tête. Une petite accolade. Un petit câlin. Une bise sur la joue. Et voilà que Charleen le raccompagnait jusqu'au pas de sa porte. "A bientôt." Et elle espérait que, cette fois-ci, il ne l’appellerait pas ... en plein milieu de la nuit pour venir lui sauver les miches.